Bonjour à tous, je poste ici ce message, peut être qu'il apportera du réconfort à quelqu'un, un sentiment de ne pas être seul, car c'est parfois ce qu'on ressent face à un événement difficile... et peut être m'aider à moi même trouver ce réconfort et cette compagnie.
C'était le 21 février 2015, au soir, qu'on m'annonce que ma mère est morte. Elle s'est pendue, dans notre maison, alors qu'elle se trouvait seule. J'étais alors chez une amie.
Mon monde s'écroule. Et je m'écroule aussi, mes jambes lâchent et je me retrouve par terre; à hurler; pleurer.
A partir de ce moment là, le temps s'est arrêtée. J'évolue dans une bulle, dans l'espace, et le temps, sans vraiment rien ressentir. J'ai cette impression d'être anesthésié. Ce n'est que plus tard, que je me réveillerai, la douleur avec.
Chaque jour se succède avec son lot de préoccupation. J'ai alors 18 ans, j'ai un petit frère de 13 ans qui rejoint alors mon père dans une autre région que la mienne (mes parents étaient divorcés) Je dois gérer la messe, toutes les affaires administratives (banque, assurance, crédit, forfait téléphone...) ainsi que mon permis voiture, et mes études.
Bien que les premiers jours suivant la mort de ma mère ont été rempli de mouvements autour de moi, des personnes de la famille venant pour la voir à la morgue, la messe etc une fois tout ça fini, l'agitation retombe vite et on se retrouve seule.
Je reste dans la maison où elle a commis son geste pendant 1 an, avant de la vendre. J'avais besoin d'argent et il fallait aussi passer à autre chose, vivre ma vie.. Je dois donc faire toutes les démarches pour la vente , et débarrasser la maison des meubles, affaires de ma mère...
Concernant mes émotions de deuil, je dirai que durant les 2 premières années; (2015-2017) je ressens énormément de colère , envers elle, mais envers moi surtout. En effet, ma mère et moi avions une relation très conflictuelle, et la dernière fois que l'on s'est vu et parlé, on s'est dit des choses horribles. Avant de commettre son acte, elle a également envoyé un sms à son copain et à mon frère, pour leur dire qu'elles les aiment; et pardon. Moi rien.
J'étais aussi en colère contre son copain car ce jour là j'avais senti ma mère très fragile, je lui avais dit de ne pas la laisser seule, car je sentais qu'elle allait faire une bêtise. Il ne m'a pas écouté ; et est parti de la maison. Vous connaissez la suite.
C'est mon père qui m'a annoncé sa mort par téléphone, et dans le même temps, me dire que c'était de ma faute et que je faisais chier le monde. J'étais vraiment considérée comme un monstre à ce moment là, mon père s'en excusera plus tard, mais cela ne m'a pas aidé à aller bien.
En 2018 j'entre dans une grande phase de tristesse, je me rends vraiment compte de son absence dans cette espace physique où nous vivons, mais je ne la ressens pas non plus dans un autre espace (libre à vous de croire en une spiritualité quelconque) j'aurai aimé sentir sa présence auprès de moi dans ma vie, par des signes, des ressentis. Ca a peut être été le cas au début, mais plus après. C'est peut être moi qui me suis fermée.
Dans 8 mois, ça fera 5 ans qu'elle est partie, qu'elle s'est suicidée, et j'ai l'impression de souffrir beaucoup plus aujourd'hui qu'au départ. Comme si j'étais embourbée dans une vase douloureuse, que je n'arrive pas à décoller de ma peau.
J'ai bien sur pris soin de moi, vu des psychologues, fait du sport, lu beaucoup, réalisé des défis, des projets. Et pourtant, j'ai l'impression que la douleur ne passe pas avec le temps, mais qu'elle se réveille.
Mes proches me disent que je suis courageuse, forte, mais je n'ai pas l'impression que ce soit le cas. J'ai vécu tout ça d'une manière automatique, une sorte de survie, je n'avais pas le choix de surmonter tout ça. Qui allait me ramasser à la petite cuillère? J'étais seule, je me devais de gèrer tout, mais maintenant, j'aimerai bien me laisser aller et qu'on s'occupe de moi, mais à l'aube de mes 23 ans, c'est de moins en moins possible, et ce ne se serait pas une solution..
Certains parleront du terme "deuil compliqué" c'est peut être le cas. Toutes les morts sont douloureuses, et tous les deuils sont difficiles. Mais être confronté au suicide de quelqu'un de si proche, que l'on ressent comme un acte d'abandon, et en plus ressentir de la culpabilité, s'apparente pour moi à de la torture.
Je sais qu'un jour ça ira mieux, pour avancer, il faut maintenant accepter. Et c'est quelque chose de difficile dans cette situation.
N'hésitez pas à témoigner, à poser des questions, si je peux vous aider, je le ferai avec humilité et bienveillance. Toutes les situations sont différentes, et on peut être à des stades de ressenti différent, c'est pour cela qu'il faut toujours se respecter, même si on ne se comprend pas.