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TÉMOIGNAGE SUR LE DEPART D’HUGO

Marie-Line et Didier, les parents d'Hugo sont venus raconter leur chemin de deuil, lors d'une soirées témoignage organisée par Familles Rurales Vendée. Ce témoignage poignant a été retranscris par écrit. Il montre comment survivre à l'épreuve du décès par accident d'un jeune enfant.  

Hugo avant le 30 juillet 2013.

Hugo est né le 30 décembre 2005 : c’est un enfant très souriant, plein de vie ; il est joueur, sportif et n’aimepas les conflits.

Hugo a une grande sœur, Coline née en 2001.

Eté 2013 :

Nous préparons les vacances. Etant donné que le vélo d’Hugo est trop petit nous en achetons un nouveau troisjours avant de partir. Il est super content et passe déjà beaucoup de temps dessus à jouer et se balader.

Notre destination cette année : vacances sur l’Ile de Ré en camping unesemaine pour faire du vélo en famille.

Nous sommes arrivés le samedi après-midi 27 juillet au camping « La Bonne étoile » situé sur la commune de Bois plage en Ré.

Hugo ne perd pas de temps pour profiter des infrastructures de jeux (piscine, terrain de foot…)

Il rencontre également des garçons de son âge et passe beaucoup de temps avec eux, laissant sa grande sœur seule.

Mardi 30 juillet et mercredi 31 :

Le mardi, il se réveille le premier dans le mobilhome ; il est déjà « à fond » comme à son habitude et veut profiter de sa journée. On lui demande d’aller acheter le pain.

On prend le petit-déjeuner tous les quatre, mais très vite, il veut déjà aller faire du vélo. On lui dit de ne pas aller trop loin et que nous partirons tous ensemble faire du vélo après. Il nous répond comme à son habitude : « Ok »

Il est environ 10H45, le téléphone sonne. La personne qui se trouve à l’accueil du camping nous indique : « Votre fils Hugo est à l’accueil et vient de faire un malaise ». Aussitôt, nous nous rendons à l’entrée et découvrons Hugo, inconscient, allongé sur un canapé dans le hall du bureau. Une personne nous explique qu’il aurait fait une chute de vélo tout près d’ici et qu’il aurait donné son prénom et le numéro du mobil-home.

Il ne nous répond pas, il est très agité, ne présente aucune trace de blessure sur lui sauf une marque comme un bleu sur le côté droit du ventre.

Nous appelons les secours. Le SAMU 17 envoie une équipe médicale en même temps que les pompiers. Nous sommes tous les deux à ses côtés (Marie-Line et Didier) : on lui parle, on le rassure mais toujours aucune réaction. Il ne parle pas, il ne pleure pas, il n’a aucune larme…

Les pompiers arrivent très vite, ils prennent en charge Hugo : ils n’arrivent pas à prendre une tension. Hugo va faire un premier arrêt cardiaque. Puis arrive l’équipe du Samu, ils complètent la réanimation commencée par les pompiers et ils demandent l’aide de l’hélicoptère pour le transporter rapidement sur les Urgences de la Rochelle.

Pendant ce temps, le personnel du camping est près de nous et nous soutient, ils vont chercher Coline qui était restée au mobil-home. On se demande ce qui nous arrive. On ne va pas pouvoir rester seuls à gérer cette situation qui nous dépasse et que nous ne comprenons pas. On décide d’appeler la famille pour leur annoncer et surtout pour qu’ils viennent nous aider. Très vite, Dom et Laurence (mon frère et ma belle-sœur) partent et vont venir nous rejoindre à l’hôpital.

Hugo vient de partir avec l’hélicoptère et l’équipe médicale. Il faut s’organiser pour le retrouver à la Rochelle mais on ne se sent pas capable de prendre la voiture. Par chance, Olivier et Maëva (originaires de notre commune et présents sur le camping) acceptent de nous accompagner.

Nous prenons la route de l’hôpital. On passe le pont de l’ile de Ré et apercevons l’hélicoptère qui repart de l’hôpital : Hugo est arrivé.

A notre arrivée aux Urgences, vers 12h45, on nous attend et on nous accompagne vers le petit salon réservé aux familles. Ils nous expliquent que Hugo a récupéré une activité cardiaque et est actuellement au bloc.

Commence alors une longue attente...

Dom et Laurence nous rejoignent. Le chirurgien arrive et nous explique que Hugo souffre d’une hémorragie interne et fracture du foie dûe certainement au guidon du vélo. Le but est de le stabiliser et ensuite de prévoir un transfert sur le CHU de Nantes.

Malheureusement, son état va se dégrader rapidement.

Nous retrouvons Hugo vers 18H en réanimation, il est branché avec de multiples tuyaux et sondes. On nous annonce qu’il va repartir au bloc, l’hémorragie est toujours active.

Pendant ce temps, nous passons de nombreux appels pour prévenir la famille et les copains. On espère toujours un miracle  Hugo a 7 ans mais physiquement est costaud. Coline va repartir avec Dom et Laurence sur Chavagnes.

Puis, le médecin veut nous voir à la sortie du bloc. Malheureusement son état est catastrophique, il n’y a plus d’espoir !

Nous allons le veiller toute la nuit.

Hugo décèdera à 10H le mercredi 31 juillet d’une CIVD dûe aux complications de son hémorragie interne.

Il faut prévenir la famille et les amis. Dom, Laurence et Béa (l’une de mes sœurs) sont arrivés dans la nuit, ils vont nous aider à organiser le retour d’Hugo sur Chavagnes.

Hugo arrive au funérarium à 20H. Toute la famille : papy, mamie, tontons, tatates, cousins, cousines et amis sont là pour nous accompagner On se sent entourés.

Les jours après le départ d’Hugo.

Très vite,il faut préparer les obsèques de notre fils.

Tout d’abord, le choix du cercueil :il sera blanc ; ensuite,l’emplacement au cimetière on le veut tout près de la tombe de Papy et Mamie ; enfin la préparation de la sépulture : qui va porter le cercueil ? on va demander à ses cousins qui vont accepter.

Le jour de la sépulture arrive : le moment où il faut fermer le cercueil est un instant de douleur atroce, c’est une journée interminable et très éprouvante.

Le soir, on rentre tous les trois à la maison et on se retrouve seuls. On se sent vidés…

Très vite, nous voulons comprendre ce qui a pu arriver à Hugo. On décide de retourner sur l’Ile de Ré, la famille nous accompagne. Nous rencontrons la directrice et le personnel du camping, très touchés par l’accident. Ils nous montrent l’endroit où est tombé Hugo.

Nous retournons également à l’hôpital revoir le service de réanimation et le médecin du SMUR qui est intervenu le premier sur l’accident.

Ensuite, commencent les démarches administratives et les différentes déclarations.

Fin août, on prépare la rentrée pour Coline : elle rentre en 5ème.

La rentrée est un moment important : Hugo serait rentré en CE2 en septembre.

On décide en accord avec l’école d’intervenir le jour de la rentrée dans la classe : ce fut un moment très difficile mais nous sommes heureux de l’avoir fait.

Nous remercions d’ailleurs tous les copains, les copines et les institutrices de l’école où était scolarisé Hugo pour leur soutien et leur présence depuis l’accident.

Il faut penser à la reprise du travail pour nous deux. Nous aurons la chance d’être bien entourés et accompagnés avec nos collègues.

La vie sans Hugo.

La maison sans lui : plus de jeux, plus de fous-rire, plus de musique : un énorme vide !

La chambre : les volets fermés depuis son départ !

Sa chambre est restée identique et sur son lit on dépose tous les souvenirs, les livres photos, les dessins de ses copains.

Le cimetière : c’est pour nous le lieu où on se sent avec Hugo ; on allume une bougie tous les jours et on y passe du temps tous les trois.

Il est très difficile de préparer les fêtes de fin d’année, pas de décoration à la maison,

(juste quelques lumières pour évoquer sa présence)

Le premier Noël... et surtout son anniversaire le 30 ... ce sont des moments très difficiles et éprouvants !

Nos engagements pour lui ...et pour avancer...

Rapidement, on sent le besoin de rencontrer d’autres familles qui ont vécu le deuil d’un enfant. On découvre « Familles Rurales » et leur groupe de parole et on décide de s’engager dans une association. Ces échanges ont été riches et nous ont permis de mettre des mots sur des souffrances.

On a besoin d’évacuer par la parole mais aussi par le sport. On va s’engager particulièrement dans la course à pied et on va même pouvoir se surpasser en réalisant des défis (semi-marathon, marathon et 100 km pour Didier) et différentes courses (pour Marie- Line)

Pour le premier anniversaire de son départ (Juillet 2014) on a souhaité organiser un lâcher de ballon afin de rassembler familles et amis en mémoire de Hugo. Ce fût un moment très fort en émotions. Plusieurs ballons ont été retrouvés dont un dans une exploitation de sapins de Noël en Belgique…

Le 30 décembre 2015, « il aurait eu 10 ans » : nous avons donc réuni la famille, ses copains et nos amis pour cet anniversaire spécial et avons organisé un lâcher de lanternes : un moment fort et émouvant, des couleurs dans le ciel étoilé en cette période de fêtes de fin d’année, si difficile à traverser.

Sarah, Laurence, Dom, Jean-Christophe et Luc (une institutrice de l’école, la famille,des amis, des responsables d’associations...) nous proposent d’organiser une marche en mémoire d’Hugo sur notre commune ( Janvier et Octobre 2015) : l’idée nous touche et nous souhaitons qu’elle soit organisée pour tous les enfants décédés et un arbre sera planté en leur mémoire derrière le cimetière.

C’est un moment fort de partage et de souvenirs qui permet de rassembler.

Et aujourd’hui ...

Nous avons renouvelé cet été, en Août 2018 un nouveau lâcher de ballons : 5 ans déjà ! et la douleur est toujours intense et profonde.Toutes les fêtes avec la famille et les amis restent difficiles, il faut faire un effort pour participer et s’amuser.On remercie nos familles et nos amis proches qui nous accompagnent et nous soutiennent depuis le départ de Hugo.

Les gens que nous avons aimés ne seront plus jamais où ils étaient, mais ils sont partout où nous sommes.

Alexandre Dumas

Marie-Line et Didier
Parents de Coline et Hugo