Soutien d'un proche

C’est souvent difficile de savoir quoi dire ou quoi faire lorsqu’un proche que vous aimez est en deuil. Vous pouvez avoir peur de déranger, de dire la mauvaise chose ou encore d’aggraver la situation.

Nous commettons souvent des maladresses en croyant pourtant aider la personne endeuillée. Voici différentes pistes qui pourront vous aider à trouver la bonne ATTITUDE OU POSTURE et les mots adaptés.

bandeau08

Article rédigé par Line Asselin, formatrice, auteur d’ouvrages sur le deuil, l’accompagnement de fin de vie et sur la maladie d’Alzheimer.

Accompagner en conscience. Voilà une aspiration qui me tenait à cœur depuis longtemps.

Accompagner l’Autre dans ses interrogations, dans ses choix, dans ses projets. L’accompagner dans sa souffrance, dans son désert, dans ses peurs. L’accompagner dans son chemin de vie, parfois un simple instant.

Finalement, l’accompagner à se rencontrer, à se reconnaître, à faire un lien entre soi et soi.

Mais comment accompagner avec respect ? avec bienveillance ? avec confiance ? Comment respecter l’Autre dans sa liberté d’être ? Comment respecter sa souffrance ? Comment respecter sa demande ? Être en conscience.

C’est donc un accompagnement en conscience de celui qu’il est, là où il en est. Être en conscience que chaque réponse, chaque clé de guérison, chaque « passage » vient de lui et non de moi.

Avoir conscience et confiance dans sa capacité à guérir, à se rencontrer et à se reconnaître.
Avoir conscience et confiance dans sa faculté à renaître de ses douleurs, de sa culpabilité, de ses peurs, de ses regrets, de sa solitude.
Avoir conscience et confiance dans son aptitude à rallier son mental au service de son cœur.
Mais c’est aussi et surtout être en conscience de qui je suis, là où j’en suis.

Avoir conscience que l’Autre, lorsqu’il est en souffrance, peut s’en remettre à quelqu’un, lui donner son pouvoir d’action. Et que cela peut être séduisant ou rassurant quand on est accompagnateur : « Je vais t’aider à guérir, je vais te sauver. Je sais, écoute-moi ». Or, accompagner en conscience, c’est se souvenir qu’il possède en lui toutes les clés pour guérir. Il lui faut seulement, parfois, quelqu’un qui le lui rappelle, qui l’accompagne à se rencontrer en toute confiance.

C’est donc être en conscience de qui l’on est : de son désir de sauver l’autre, de son désir d’être aimé(e). C’est avoir conscience de ses peurs, de son propre désert, de sa propre souffrance.

C’est avoir conscience et reconnaître la personne que je suis en profondeur, dans mon cœur. En me formant à l’accompagnement en conscience, il m’a fallu me rencontrer et me reconnaître. Il m’a fallu apprendre à m’aimer.

L’accompagnement en conscience, c’est faire le choix d’être au meilleur de soi-même pour accompagner l’Autre. C’est faire le choix de s’aimer avec bienveillance et humilité pour pouvoir l’aimer et l’accompagner avec respect et confiance en retour.

Enfin, j’y ajouterai un élément plus personnel. C’est parce que…
… je crois à ce que Paolo Coelho appelle la « légende personnelle »,
… que j’ai foi en plus grand que moi,
… que je vois chacun comme faisant partie de l’âme du Monde, que mon accompagnement se fait dans cette conscience et cette confiance. Ça m’est d’ailleurs essentiel lors de l’accompagnement en fin de vie et l’accompagnement au deuil.

Je ne peux donc pas tout comprendre, tout expliquer et tout soutenir, mais j’ai foi en toi, j’ai foi en moi et j’ai foi en plus haut.

L’accompagnement en conscience est pour moi un accompagnement destiné à chacun, à tout être humain en lien avec un autre être humain, à tout être vivant en lien avec un autre être vivant.

Un soignant, un enseignant, un bénévole, un parent, un ami…

Conseils extraits du livre de Deborah L. Davis « Survivre à la mort de votre bébé »

Il peut être aidant de savoir que :

  • Ce que vous pouvez m’offrir de plus important est de penser à moi et d’entrer en contact avec moi régulièrement.
  • Vous n’avez rien à dire ou à faire de particulier, votre simple présence me suffit.
  • Des petites choses telles que prendre soin des enfants, des repas, des paiements de factures, etc., peuvent être grandement appréciées.
  • Je peux apprécier votre compagnie lorsqu’il est temps de sortir en public.
  • Quelquefois, cela me fait du bien que vous parliez de choses ordinaires, que vous me racontiez des histoires ou que vous fassiez preuve d’humour.
  • Vous n’avez pas besoin d’avoir vécu une perte de la même intensité que la mienne pour être à mes côtés. Le simple fait de m’écouter en silence sans avoir peur de ma douleur suffit.

N’ayez pas peur de :

  • Me parler ou de me questionner au sujet de la personne décédée.
  • Me demander comment je vais, même si je finis par crier, pleurer ou être en colère.
  • Me toucher ou me prendre dans vos bras.
  • Me demander ce dont j’ai besoin. Cela peut m’aider à retrouver le sentiment d’être vivant et utile.
  • N’attendez pas que je demande de l’aide.
  • Me questionner directement si vous pensez que j’ai des pensées suicidaires ou si vous trouvez que je suis profondément dépressif(ve).
  • Continuer de me visiter et montrez-vous disponible, même si je refuse.
  • De rire et de crier avec moi.

S’il vous plaît, comprenez et respectez le fait que :

  • Je vais quelquefois ressentir le besoin de pleurer et que cela puisse vous mettre mal à l’aise.
  • Je vais avoir besoin de parler de la mort de l’être cher et de raconter l’histoire de son décès encore et encore.
  • Quelquefois, je ne serai pas en mesure de parler de ma souffrance.
  • Même si je ne me sentirai pas toujours en mesure de recevoir des visiteurs ou d’accepter des invitations, il sera toujours très apprécié que vous continuiez de me le demander.
  • Mes priorités dans la vie ont changé depuis ce deuil.

S’il vous plaît :

  • Rappelez-moi comment j’ai pu contribuer à votre vie. Être endeuillé demande tellement d’énergie que je me demande souvent si je suis encore en mesure d’apporter quelque chose de positif à mes proches.
  • Rappelez-moi que même si je souffre là maintenant, il y a une autre partie de moi qui a la capacité d’aimer et d’être heureux. J’ai besoin que l’on me rappelle qu’un jour j’aurai à nouveau accès au bonheur.
  • Rassurez-moi sur le fait que j’ai fait tout ce que je pouvais.
  • Encouragez-moi à m’exprimer sur d’éventuels non-dits avec mes proches.
  • Aidez-moi à aller vers des amis, des professionnels ou des ressources auprès desquels je peux trouver du soutien.
  • Aidez-moi à me remémorer les ressources intérieures auxquelles j’ai fait appel et qui m’ont aidé(e) dans le passé.
  • Écrivez-moi une note me laissant savoir que vous pensez à moi.
  • Rappelez-moi qu’il est aidant d’attendre au moins six mois avant de faire des changements majeurs dans ma vie.
  • Donnez-moi la référence de professionnels si vous trouvez que j’ai vraiment de la difficulté à composer avec mon deuil.
  • Reconnaissez vos propres limites. Dites-moi honnêtement que vous ne vous sentez pas apte à m’écouter ou à m’aider.
  • Renseignez-vous à propos du processus de deuil.

 
Essayez d’éviter de :

  • Amenuiser ou renier mes sentiments de culpabilité, de honte, de colère, de tristesse ou de malaise quelconque.
  • Me traiter comme quelqu’un qui est maintenant « différent » de vous.
  • M’encourager à être fort et de faire rapidement face à ma perte.
  • Changer de sujet lorsque je mentionne le nom de la personne décédée.
  • Parler de votre propre deuil.
  • Me dire que je devrais être ou faire ceci ou cela.
  • Me dire que ça aurait pu être pire.
  • Me suggérer ou de m’offrir de l’alcool ou des médicaments pour composer avec ma perte.
  • M’aider en essayant de me faire sentir mieux.

Vous ne me soutenez pas quand :

  • Vous dites que vous me comprenez sans me connaître ou m’avoir écouté(e) suffisamment.
  • Vous m’évitez parce vous êtes gêné(e).
  • Vous réagissez rapidement à mes propos, voulant donner votre point de vue avant même que je vous y ai invité(e).
  • Vous vous arrêtez au sens de chaque mot que je dis plutôt que de lire au-delà des mots.
  • Vous me corrigez ou cherchez à me faire dire quelque chose.
  • Vous faites référence à votre propre expérience de sorte qu’elle a l’air d’avoir plus d’importance que la mienne.
  • Vous êtes dérangé(e) par les mots que j’utilise.

Vous m’aidez quand :

  • Vous acceptez d’entrer dans mon territoire et me laissez être.
  • Vous essayez de me comprendre même si ce que je dis n’a pas beaucoup de sens pour vous.
  • Vous retenez votre envie de me donner des conseils.
  • Vous faites confiance en mes capacités intérieures.
  • Vous me donnez suffisamment d’espace pour découvrir pourquoi je suis perturbé(e) et assez de temps pour penser à ce qui est le mieux pour moi.
  • Vous me laissez prendre mes propres décisions avec dignité même si vous croyez que j’ai tort.
  • Vous me laissez vivre ma propre expérience.
  • Vous m’acceptez tel(le) que je suis.
  • Vous ne me proposez pas d’alternatives spirituelles si vous sentez que cela ne me correspond pas.
  • Vous passez de petits moments avec moi et me faites sentir comme s’ils duraient éternellement.
  • Vous me permettez de décrire des situations qui comportent des sentiments compliqués, des états de culpabilité et de honte comme dans le cas d’un suicide par exemple.
  • Vous acceptez que l’heure que nous venons de passer ensemble peut vous fatiguer et vous donner l’impression d’être un peu vidé(e).
     

1. Je sais que tu souffres beaucoup.

À l’inverse de « Je sais ce que tu ressens » ou « Je te comprends » même si vous avez traversé des épreuves similaires, il est important de se rappeler que chaque personne porte le deuil différemment. Je sais que tu souffres beaucoup exprime parfaitement votre empathie.

2. « Je suis sincèrement désolé(e). »

Une phrase toute simple, mais qui veut dire beaucoup. Ça exprime toute votre compassion à ce qu’elle vit.

3. Je suis là pour toi.

C’est faire comprendre à la personne qui souffre que vous êtes là, si elle a besoin de quoi que ce soit.

4. Ne demandez pas si vous pouvez faire quelque chose pour elle, faites-le.

Les gens disent souvent par grande gentillesse et souhaitant se rendre utiles « Dis-moi si tu as besoin de quoi que ce soit ». Or, la personne en deuil ne sait souvent pas elle-même et n’a pas non plus la force d’y voir clair et d’exprimer ses besoins. C’est pourquoi il vaut mieux proposer quelque chose de concret comme par exemple : « Je vais faire des courses. Si tu veux, je peux te ramener du pain et du lait » ou « Cette semaine, je vais t’apporter un bon plat. » 

5. Est-ce que je peux te parler de lui/d’elle ?

Quand on perd quelqu’un de très proche, on pense à cette personne en permanence. Au bout de quelques mois, on est choqué de voir que les gens n’en parlent plus. Ça nous brise le cœur. Partager un souvenir ou une anecdote sur le défunt indique à l’endeuillé qu’on se souvient de la personne disparue, ce qui est très réconfortant pour elle.

6. Demandez « Comment te sens-tu ? » et soyez vraiment à l’écoute de sa réponse.

À l’inverse de « Comment tu vas ? » sachant qu’elle ne peut pas aller bien, car elle a perdu une personne très chère dans sa vie et qu’elle est dévastée. « Comment te sens-tu ? » exprime clairement votre sensibilité à son drame et que vous vous préoccupez pour elle.

7. Viens dans mes bras, j’ai envie de te faire un gros câlin.

La solitude faisant partie du processus normal de deuil, reste difficile à supporter lorsque l’on vit un deuil. Un câlin ne fera pas disparaître la douleur, mais ça fait un bien énorme et peut aider à surmonter cette mauvaise journée.

8 . Ne dites rien et soyez juste présent.

Souvent, devant un malaise, on cherche à combler le vide du silence. N’en faites rien, déjà vous lui faites un cadeau immense juste par votre présence, d’être près d’elle et à ses côtés. Sentir votre présence est très réconfortant et précieux pour elle. Cela lui démontre tout l’amour et l’amitié que vous lui portez (retenez votre envie de l’aider en lui donnant des conseils).

9. Ecrivez-lui un mot ou envoyez-lui une carte lui faisant savoir que vous pensez à elle.

L’endeuillé(e) comprend très bien le malaise de son entourage et que l’éloignement physique peut rendre le nombre des visites plus difficile. Lui écrire un petit mot ou tout simplement un petit appel téléphonique, juste pour lui dire que vous pensez à elle : « Tu n’es pas seule… je pense beaucoup à toi et je t’envoie beaucoup d’amour ». 

10. Rassurez-la, si elle se sent coupable.

Vous pouvez simplement lui rappeler que la perfection n’est pas de ce monde, que nous sommes tous humains. Le plus important est que l’amour sincère envers l’être cher était au rendez-vous.
 

 

1. N’oublie pas que tu as d’autres enfants dont il faut prendre soin.

2. Tu verras, tu vas refaire ta vie. Tu rencontreras quelqu’un d’autre.

3. Il est temps de passer à autre chose maintenant, arrête de pleurer.

4. Tu es fort(e), je ne sais pas comment tu fais, moi je n’aurais pas survécu.

5. Je te comprends.

6. Tu as perdu ta mère (ton père), pense à ceux qui perdent un enfant, cela est bien pire. Moi, quand j’ai perdu…

7. Tu n’as pas à te sentir coupable, ni à être en colère ; tu sais, il (elle) n’était pas parfait(e).
 
8. Tu devrais prendre des médicaments, tu te sentiras mieux.
 
9. Tu dois te changer les idées rapidement, retourne au travail.
 
10. Dans un an, tout ira mieux.