La honte et la culpabilité

A la suite d’un suicide, le sentiment de culpabilité est le sentiment le plus souvent évoqué.
S’il est parfois fondé, dans la plupart des cas, il est confondu avec le sentiment de honte.
La culpabilité, liée au faire, engage un acte, une faute commise.

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La honte, liée à l’être, engage l’image de soi, le fait d’être à la hauteur de l’idée que l’on se fait de soi.

Etre attentif à ces nuances peut éviter de s’engager sur une fausse piste récurrente chez les personnes endeuillées par le suicide d’un proche : « Je me sens coupable, je n’ai pas vu, j’aurais pu, j’aurais dû… ».

Ce sentiment de culpabilité n’est pas adéquat. La personne qui l’éprouve a d’autant plus de mal à s’en détacher qu’il n’est fondé sur aucune réalité. Le jour du suicide, elle était chez elle et se reproche de ne pas avoir prêté suffisamment attention au profond mal-être de son fils, entendu la veille au téléphone. Dans cette logique, elle n’aurait jamais dû le quitter ou le laisser seul. 

Ce qui est en cause, dans la situation, c’est l’impuissance du parent, son incapacité éprouvée d’avoir été un bon parent, un parent qui doit protéger son enfant.

 

À travers cette représentation du bon ou mauvais parent, c’est l’image de soi qui est atteinte.

La restauration de cette image passera par le fait de s’accepter soi-même, impliqué(e) dans la vie de son enfant ; à ce titre, portant sa part de responsabilité comme, à des degrés divers, les autres acteurs de la vie du jeune suicidé, à commencer par le jeune lui-même.

Cette acceptation est un chemin de restauration de son estime personnelle, un long chemin que beaucoup ont parcouru jusqu’à pouvoir dire : « On peut s’en sortir, j’en témoigne ! ".