Ces réactions traduisent bien la surprise et l'incompréhension du geste suicidaire, auxquelles s'ajoutent un sentiment d'impuissance, de révolte. Ensuite peut s'exprimer également la peur mêlée de sentiments de culpabilité, de honte et de regrets. Tout dépend du regard des autres, du soutien ou non de l'entourage.
Après les premiers effondrements dus à ce séisme émotionnel, d'autres constatations ont lieu. Les parents confrontés au suicide d'un enfant qui a fait plusieurs tentatives ou qui était atteint d'une pathologie psychiatrique peuvent être amenés à prendre conscience de la souffrance qui l'habitait pour en arriver à cet acte. Ils peuvent alors penser secrètement « au moins, il (elle) ne souffre plus ». Parfois, l'état d'angoisse qui a pu être ressenti avant la disparition retombe. Il était dû au risque d'un passage à l'acte, tant redouté mais perçu comme inévitable, malgré la détection des signes d'alerte et malgré les soins psychologiques ou psychiatriques prodigués. Il s'ensuit un sentiment de soulagement, comme la mort après une longue maladie, dans ce cas, difficile à reconnaître devant les autres.
Viennent aussi des expressions et des sentiments personnels traduisant une non acceptation de la disparition du suicidé : « il me manque », « je souffre tant », « personne ne peut me comprendre », « je ne pourrai plus jamais être heureux », « j'ai envie de le rejoindre ». Chacun à sa manière doit parcourir le chemin du deuil, toujours personnel et jalonné de difficultés. Souvent le sentiment de culpabilité s'ajoute et persiste, envahissant ceux qui restent.