Réactions normales après le suicide d’un enfant

Dès la découverte ou l'annonce du suicide d'un proche, le traumatisme émotionnel et l'anéantissement sont tels qu'ils dévastent la famille et les amis du défunt. Selon que l'on découvre soi-même le corps ou que l'annonce ait été faite par un tiers, l'impact est différent, mais il reste un choc terrible.

Il est normal d'observer des réactions telles que : « je suis écrasé, anéanti par la douleur », « je ne comprends pas », « je ne peux pas y croire », « je suis révolté », « jamais je ne pourrai survivre ».

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Ces réactions traduisent bien la surprise et l'incompréhension du geste suicidaire, auxquelles s'ajoutent un sentiment d'impuissance, de révolte. Ensuite peut s'exprimer également la peur mêlée de sentiments de culpabilité, de honte et de regrets. Tout dépend du regard des autres, du soutien ou non de l'entourage.

Après les premiers effondrements dus à ce séisme émotionnel, d'autres constatations ont lieu. Les parents confrontés au suicide d'un enfant qui a fait plusieurs tentatives ou qui était atteint d'une pathologie psychiatrique peuvent être amenés à prendre conscience de la souffrance qui l'habitait pour en arriver à cet acte. Ils peuvent alors penser secrètement « au moins, il (elle) ne souffre plus ». Parfois, l'état d'angoisse qui a pu être ressenti avant la disparition retombe. Il était dû au risque d'un passage à l'acte, tant redouté mais perçu comme inévitable, malgré la détection des signes d'alerte et malgré les soins psychologiques ou psychiatriques prodigués. Il s'ensuit un sentiment de soulagement, comme la mort après une longue maladie, dans ce cas, difficile à reconnaître devant les autres.

Viennent aussi des expressions et des sentiments personnels traduisant une non acceptation de la disparition du suicidé : « il me manque », « je souffre tant », « personne ne peut me comprendre », « je ne pourrai plus jamais être heureux », « j'ai envie de le rejoindre ». Chacun à sa manière doit parcourir le chemin du deuil, toujours personnel et jalonné de difficultés. Souvent le sentiment de culpabilité s'ajoute et persiste, envahissant ceux qui restent.

 
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La famille toute entière subit une onde de choc énorme et certains membres peuvent être traumatisés. Ils reçoivent de plein fouet cet évènement et leur personnalité même en sera transformée. Leur regard sur les autres, sur la vie en est complètement modifié. Comme pour les parents, il y a un « avant » et un « après ».
Le suicide d'un enfant constitue le deuil le plus difficile à faire non seulement par l'intensité de la douleur, mais aussi par l'inversion du sens naturel du temps et de la mort. Il est plus difficile que tout autre deuil dans la mesure où mourir d'une maladie, d'un accident, comporte toujours une explication rationnelle ou médicale qui peut favoriser l'acceptation.

Les parents, les proches ont à vivre ensuite avec cette blessure profonde qu'ils auront à soigner pour ne pas être anéantis. Le rôle parental devient particulièrement difficile à assumer vis-à-vis des autres enfants tant le sentiment d'échec est grand et tant l'impuissance est ressentie après un tel drame qui remet en question les valeurs et les principes fondamentaux de l'éducation et de l'existence.

Les parents, la fratrie et les proches ont besoin d'être soutenus et entendus d'où la nécessité première d'apporter aide et soutien à ces familles pour atténuer la souffrance, souvent plus complexe et plus durable qu'après tout autre décès.